Il est des constantes qui nourrissent le travail d'un artiste tout au long de sa carrière, sans jamais se tarir, bien au contraire. Montañana épure, rebondit, arrive à l'essentiel sans jamais renoncer au bonheur du regard et à sa «culture de peintre». Il prend possession des choses du quotidien et les transfigure; elles ne sont pas baignées de couleurs et de lumières, elles sont lumières, intensité du levant espagnol tel qu'il était avant la polluante invasion touristique.
Quand il vit à Paris, il emporte avec lui et reste investi de cette énergie faite de chaleur et de lumière. Ses toiles m'évoquent non pas des mots, mais des sons. Paysages, poteries, assiettes, livres, fruits, légumes, issus d'un banal quotidien sont les signes générateurs d'une symphonie, d'une sonate plutôt, une improvisation maîtrisée.
Montañana nous transmet une harmonie, tel le jazz-man qui reste libre et improvise au sein d'une grande rigueur et des codes acquis à travers une formation et une discipline personnelles.
Rigueur et liberté, liberté des formes exprimées par les couleurs, liberté de la touche qui cadence la surface totale de la toile.
Rigueur de la composition: le sujet-objet de la peinture établit un lien entre les parties supérieure et inférieure de la toile fortement marquée par une horizontale. Il propose un enchaînement de la terre et du ciel, du solide et du vide, du matériel et du spirituel.
Équilibre et harmonie, tendresse et lyrisme contenus sont exprimés avec une maîtrise absolue de la matière couleur, une sensibilité généreuse. Il faut s'installer devant cette peinture, la laisser vivre, s'en imprégner, la regarder et ... l'écouter.
Catherine Huber
Conservateur en chef du patrimoine